7 Niger

7.1 Introduction

Le Niger, situé au cœur de la bande sahélo-saharienne, est l’un des pays les plus vastes et les plus arides d’Afrique. Son territoire est dominé par des milieux désertiques ou semi-désertiques, avec une végétation souvent rare, saisonnière, et concentrée autour des zones habitées, des vallées et des oasis. Le pays est soumis à une pression climatique extrême, marquée par une faible pluviométrie, une variabilité interannuelle élevée, et une forte sensibilité à la désertification. Ces conditions font du Niger un laboratoire naturel pour l’analyse des dynamiques écologiques en zone sèche.

Dans ce chapitre, nous mobilisons trois indices spectraux adaptés aux environnements à faible couverture végétale et à forte contrainte hydrique, afin de caractériser l’état écologique du Niger en 2024 :

  • Le ATSAVI (Adjusted Transformed Soil Adjusted Vegetation Index) est un indice optimisé pour mesurer la végétation dans les milieux à forte présence de sol nu. Il améliore la détection de la végétation éparse dans les zones arides, en réduisant l’influence des caractéristiques du sol sur le signal spectral.

  • Le DBSI (Dry Bare Soil Index) quantifie la présence de sols nus et secs, souvent associés à des processus de dégradation avancée. Il est particulièrement utile pour identifier les zones affectées par l’érosion, la sécheresse prolongée ou la perte de couverture végétale.

  • Le WI2 (Water Index 2) est un indice sensible à la teneur en eau résiduelle des surfaces, y compris dans les environnements à faible humidité. Il permet de cartographier les zones humides ponctuelles, les mares saisonnières, ou les poches d’humidité dans les vallées et dépressions.

Ces indices sont extraits à partir de rasters satellitaires haute résolution et agrégés par région administrative. Ils sont analysés à travers des cartes interactives, des tableaux comparatifs et des analyses spatialisées. L’objectif est d’identifier les zones les plus résilientes, celles les plus exposées à la dégradation écologique, ainsi que les poches d’humidité stratégique dans un contexte climatique contraint.

Ce chapitre offre ainsi une lecture fine et contextualisée du territoire nigérien, où la rareté des ressources naturelles et la pression climatique imposent des stratégies de suivi et de gestion adaptées, au service de la résilience territoriale et de la sécurisation écologique.


7.2 Végétation – ATSAVI

Le ATSAVI (Adjusted Transformed Soil Adjusted Vegetation Index) est un indice spectral développé pour améliorer la détection de la végétation dans les zones arides ou semi-arides, où les sols nus dominent et peuvent fortement perturber la lecture des signaux de végétation. Contrairement au NDVI ou à ses dérivés, l’ATSAVI intègre un coefficient de correction du fond de sol, ce qui le rend plus fiable dans les milieux où la couverture végétale est faible ou discontinue, comme au Niger.

L’ATSAVI est particulièrement utile dans les régions où la végétation est saisonnière, éparse ou fragile, car il permet de réduire la surestimation ou la sous-estimation liée à la réflectance du sol sec. Il est donc bien adapté à l’observation des milieux sahéliens et sahariens, en fournissant un indicateur robuste de la densité végétale réellement active.

Dans le cas du Niger, nous avons extrait les valeurs moyennes de l’ATSAVI pour l’année 2024 à partir d’images satellites haute résolution, puis agrégé les résultats par région administrative. Cet indice permet de localiser les zones de verdure résiduelle, de comparer la densité de végétation entre régions, et de mieux comprendre la dynamique spatiale de la végétation dans un environnement soumis à une forte contrainte climatique.

###️ Carte interactive de l’ATSAVI au Niger en 2024

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7.2.1 Tableau de la répartition de l’ATSAVI au Niger en 2024

Moyennes régionales de l’ATSAVI
Niger – Année 2024
Région ATSAVI
Zinder 0.059
Dosso 0.066
Tillabéri 0.060
Tahoua 0.059
Agadez 0.054
Niamey 0.055
Diffa 0.057
Maradi 0.063

7.2.2 Analyse des résultats

L’indice ATSAVI permet de mesurer la densité réelle de la végétation dans des milieux à forte dominance de sol nu, comme c’est le cas dans les zones sahéliennes et sahariennes du Niger. Il est particulièrement utile pour détecter des signes de végétation active dans des contextes écologiquement fragiles, où les signaux spectroscopiques peuvent être fortement influencés par la réflectance du sol.

En 2024, les valeurs de l’ATSAVI au Niger varient de 0.054 à 0.066, ce qui indique une végétation très peu dense à faible, mais présente dans certaines régions. L’amplitude des valeurs est faible, ce qui reflète la rare couverture végétale sur l’ensemble du territoire.

Les valeurs les plus élevées, bien que modestes, sont relevées dans les régions de Dosso (0.066) et Maradi (0.063). Ces deux zones sont situées dans la bande sud du pays, qui bénéficie d’une pluviométrie plus favorable, d’une activité agricole importante, et de sols plus propices à la végétation. Cela suggère une végétation saisonnière encore fonctionnelle, bien que vulnérable.

Les valeurs intermédiaires, autour de 0.059 à 0.060, sont observées dans des régions comme Zinder (0.059), Tillabéri (0.060) et Tahoua (0.059). Ces régions sont soumises à une forte variabilité climatique, avec une couverture végétale généralement irrégulière, liée à des usages agropastoraux extensifs et à une pression foncière croissante.

Les valeurs les plus faibles, autour de 0.054 à 0.055, concernent Agadez (0.054), Niamey (0.055) et Diffa (0.057). Ces résultats traduisent soit une aridité structurelle (Agadez, désert), soit une urbanisation dominante (Niamey), soit encore une végétation fragmentée et en stress (Diffa, aux confins du bassin du Tchad).

Dans l’ensemble, cette cartographie de l’ATSAVI illustre une distribution très limitée et localisée de la végétation active au Niger, concentrée dans les régions sud et sud-ouest, et quasi absente dans les zones sahariennes du nord. Elle confirme la forte dépendance du pays à des poches de verdure saisonnières, et renforce la nécessité de stratégies ciblées de reboisement, de gestion des terres, et de protection des écosystèmes fragiles.

Parfait ! Voici la section complète 🧠 Stress / dégradation – DBSI pour le chapitre Niger, dans la même structure que les précédentes parties de ton atlas. Elle comprend :

  • une explication détaillée du DBSI,
  • le bloc pour la carte interactive,
  • le bloc pour le tableau des valeurs régionales en gt().

7.3 Santé de la végétation – DBSI

Le DBSI (Dry Bare Soil Index) est un indice spectral conçu pour quantifier la présence de sols nus et secs, souvent associés à des phénomènes de dégradation avancée. Il est particulièrement utile dans les milieux arides comme le Niger, où la végétation est rare, et où l’identification des zones à sol exposé est essentielle pour évaluer le niveau de fragilité écologique.

Le DBSI repose sur une combinaison de bandes du spectre optique, incluant le proche infrarouge (NIR) et le SWIR, sensibles aux caractéristiques thermiques et texturales des sols nus. Plus la valeur du DBSI est élevée, plus la proportion de sol sec visible en surface est importante, ce qui peut être interprété comme un signal de dégradation, de surexploitation agricole, ou de pression pastorale excessive.

Dans le contexte du Niger, où les dynamiques de désertification sont omniprésentes, le DBSI permet de cartographier les zones où la couverture végétale a disparu, et d’identifier les régions les plus exposées à l’érosion, à la compaction des sols et à la baisse de fertilité.

Pour cette analyse, nous avons extrait les valeurs moyennes du DBSI pour l’année 2024 à partir de rasters satellites haute résolution, puis agrégé les résultats par région administrative. Cette approche permet de fournir un état spatialisé de la dégradation écologique visible, et d’appuyer les stratégies de récupération des sols et de gestion durable des terres.

###️ Carte interactive du DBSI au Niger en 2024

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7.3.1 Tableau de la répartition du DBSI au Niger en 2024

Moyennes régionales du DBSI
Niger – Année 2024
Région DBSI
Zinder 0.238
Dosso 0.273
Tillabéri 0.292
Tahoua 0.274
Agadez 0.280
Niamey 0.296
Diffa 0.221
Maradi 0.255

7.3.2 Analyse des résultats

L’indice DBSI permet d’estimer la proportion de sol nu et sec à la surface, ce qui en fait un excellent indicateur de dégradation avancée des terres, de perte de couverture végétale et de fragilité écologique. Des valeurs plus élevées du DBSI traduisent une exposition accrue du sol, souvent liée à la désertification, à la surexploitation agropastorale, ou à des conditions climatiques extrêmes.

En 2024, les valeurs du DBSI au Niger varient de 0.221 à 0.296, avec une tendance généralisée à la présence dominante de sols nus dans presque toutes les régions.

Les valeurs les plus élevées sont observées dans les régions de Niamey (0.296), Tillabéri (0.292), et Agadez (0.280). Ces chiffres reflètent une exposition importante du sol, due soit à une urbanisation intense (Niamey), soit à des milieux très arides ou désertiques (Agadez), ou encore à des pratiques agricoles intensives sans couverture végétale suffisante (Tillabéri). Ces régions peuvent être considérées comme des points critiques de dégradation écologique visible.

Les valeurs intermédiaires, comprises entre 0.255 et 0.274, sont relevées dans Tahoua (0.274), Dosso (0.273), et Maradi (0.255). Ces régions du centre-sud du pays connaissent une végétation saisonnière fragile et sont soumises à une pression agropastorale croissante, ce qui entraîne une diminution progressive de la couverture végétale au profit de sols nus ou peu protégés.

Les valeurs les plus faibles, bien qu’encore élevées, concernent Zinder (0.238) et Diffa (0.221). Cela pourrait s’expliquer par une couverture végétale légèrement plus présente au moment de l’observation satellitaire, ou par des caractéristiques de sol spécifiques (texture, humidité résiduelle) atténuant la réflectance typique des sols nus. Toutefois, ces régions restent dans une zone de vigilance élevée, car même ces “faibles” valeurs dépassent les seuils généralement associés à des surfaces stables.

Dans l’ensemble, le DBSI confirme une exposition généralisée du sol nu à travers tout le territoire nigérien, avec des poches de dégradation avancée, en particulier dans l’ouest et le centre du pays. Cette situation renforce l’urgence de mettre en place des programmes de reboisement, de gestion anti-érosive et de régénération naturelle assistée, notamment dans les régions les plus exposées.

7.4 Eau et humidité – WI2

Le WI2 (Water Index 2) est un indice spectral conçu pour détecter la présence d’eau ou d’humidité de surface, même en très faibles quantités. Il repose sur une combinaison des bandes NIR (infrarouge proche) et SWIR (infrarouge moyen), qui sont sensibles à la teneur en eau des sols et des surfaces végétales.

Le WI2 est particulièrement utile dans les milieux semi-arides et sahéliens, comme ceux du Niger, où l’humidité est rare, diffuse, et difficile à détecter. Il permet d’identifier les zones humides résiduelles, les vallées fluviales, les mares temporaires, ou les bas-fonds agricoles présentant encore une capacité de rétention d’eau.

Contrairement aux indices végétatifs classiques, le WI2 ne se limite pas à la végétation : il mesure directement les contrastes d’absorption de l’eau dans le spectre infrarouge, ce qui en fait un outil précieux pour le suivi hydrologique, la gestion des terres agricoles, et la prévision des déficits hydriques.

Dans le cas du Niger, les valeurs moyennes du WI2 pour l’année 2024 ont été extraites à partir d’images satellites haute résolution, puis agrégées par région administrative. Cette analyse permet de mettre en évidence les régions disposant encore d’humidité résiduelle, et celles déjà en situation de stress hydrique sévère.


7.4.1 Carte interactive du WI2 au Niger en 2024

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7.4.2 Tableau de la répartition du WI2 au Niger en 2024

Moyennes régionales du WI2
Niger – Année 2024
Région WI2
Zinder −0.525
Dosso −0.485
Tillabéri −0.506
Tahoua −0.542
Agadez −0.585
Niamey −0.492
Diffa −0.511
Maradi −0.505

7.4.3 Analyse des résultats

L’indice WI2 permet de mesurer la teneur en humidité de surface, qu’il s’agisse d’eau libre, d’humidité des sols ou de traces hydriques résiduelles. Des valeurs plus proches de zéro indiquent une meilleure humidité, tandis que des valeurs plus négatives traduisent une situation hydrique plus critique, caractéristique de milieux très secs.

En 2024, les valeurs du WI2 au Niger varient entre –0.485 et –0.585, traduisant une situation hydrique globalement préoccupante sur l’ensemble du territoire, avec des différences subtiles mais significatives entre les régions.

Les valeurs les moins négatives, donc les plus “humides” relativement parlant, sont enregistrées dans les régions : - Dosso (–0.485), - Niamey (–0.492).

Ces régions se situent dans le sud-ouest du pays, où la pluviométrie est légèrement plus élevée, et où l’on retrouve des zones irriguées, des cours d’eau permanents comme le fleuve Niger, ainsi qu’une activité agricole structurée. Cette situation suggère une humidité résiduelle encore observable, en dépit des conditions climatiques difficiles.

Les valeurs intermédiaires, autour de –0.505 à –0.525, concernent les régions de Zinder, Tillabéri, Maradi et Diffa. Ces zones connaissent une saison humide courte, suivie d’une évaporation rapide, ce qui engendre une humidité de surface très limitée en dehors des périodes de pluie. Les valeurs observées traduisent un équilibre fragile, où l’humidité disponible ne permet qu’une végétation saisonnière temporaire.

La région la plus sèche selon le WI2 est Agadez (–0.585), suivie de Tahoua (–0.542). Ces résultats sont cohérents avec la domination saharienne et sub-saharienne de ces zones, où les sources d’humidité sont extrêmement rares, les sols très perméables, et la végétation quasi absente. Ces régions cumulent les conditions hydriques les plus défavorables du pays.

Globalement, cette cartographie du WI2 met en évidence une teneur en eau de surface extrêmement faible dans l’ensemble du territoire nigérien, confirmant la sécheresse structurelle du pays. Elle souligne l’importance de stratégies d’adaptation hydrique, de gestion de l’eau agricole, et de surveillance spatialisée de l’humidité, pour anticiper les crises agro-hydrologiques dans un contexte de changement climatique.


7.5 Conclusion

L’analyse conjointe des indices ATSAVI, DBSI et WI2 offre une lecture nuancée et spatialement explicite de l’état environnemental du Niger en 2024. Dans un pays marqué par l’aridité, la fragilité des écosystèmes et la pression climatique, ces indicateurs révèlent des dynamiques contrastées entre résilience végétale localisée, dégradation diffuse et raréfaction de l’humidité de surface.

L’ATSAVI met en lumière une couverture végétale extrêmement faible, concentrée dans les régions méridionales comme Dosso ou Maradi, où la végétation subsiste sous forme saisonnière, souvent liée à des activités agricoles localisées. Le reste du territoire montre une végétation quasi absente, conséquence directe de l’aridité structurelle et des pressions environnementales.

Le DBSI confirme cette dégradation, avec des niveaux élevés de sols nus et secs dans presque toutes les régions. Des zones comme Niamey, Tillabéri ou Agadez affichent une exposition avancée des sols, symptôme de surexploitation, de déforestation, ou d’une perte progressive de couverture protectrice, accentuant les risques d’érosion et d’insécurité écologique.

Enfin, le WI2 indique une teneur en humidité de surface extrêmement faible dans l’ensemble du pays, avec des conditions hydriques particulièrement critiques dans des régions comme Agadez et Tahoua. Même dans les zones plus favorisées du sud-ouest, l’humidité reste marginale, renforçant la vulnérabilité hydrique structurelle du Niger.

Ce chapitre met ainsi en évidence la nécessité d’interventions ciblées en matière de reboisement, de sécurisation des sols, de gestion hydrique et d’agriculture résiliente. Face aux défis combinés du climat, de la pression démographique et de la dégradation écologique, le suivi régulier de ces indicateurs apparaît comme un outil essentiel pour éclairer les décisions politiques et renforcer la résilience des territoires.


« Là où la pluie devient mémoire, l’avenir se dessine dans l’économie de chaque goutte. »
Issoufou Mahamadou

📘 Atlas interactif des dynamiques environnementales en Afrique de l’Ouest

Projet réalisé par Ahmadou Niass et Samba SowENSAE Dakar, 2025
dans le cadre du cours de projets statistiques avec R.

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